APREY en Haute-Marne

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Histoire de l'école ( Histoire)

La longue histoire de l'école à Aprey

École et logement avant la restauration de 1995Au moment où Mme Colette Robin, institutrice à Aprey depuis 1975, à fait valoir ses droits à la retraite que nous lui souhaitons longue et heureuse, la chronique historique du bulletin municipal s'est penché, à travers deux numéros (printemps et automne 2002), sur trois siècles de vie scolaire.

De bâtiments rustiques,
S'édifièrent deux écoles,
Où naquit la pratique
D'enfants en leur envol.

Les recteurs d'école au XVIIIe siècle

Le recteur d'école est nommé par l'Evêché ou le Collège de Langres pour enseigner aux enfants, en grande majorité aux garçons dans un lieu appelé La classe de campagne, par VAN OSTADE (1610-1685) - Musée du Louvre "Collège" (qui se situait à proximité du presbytère) et se trouve rétribué par ses élèves. Son enseignement à base de livres religieux concerne essentiellement la lecture, l'écriture et le calcul et l'apprentissage des textes saints. Le recteur assiste le prêtre dans toutes les cérémonies officielles (mariages, baptêmes, inhumations) et signe le registre paroissial. Dans celui-ci, le taux de gens "ne savant signer" a tendance à fortement diminuer par rapport au XVIIe siècle.

Ordonnance de Louis XV (1724)
... Voulons qu'il soit établi autant qu'il sera possible des maîtres et des maîtresses d'école dans toutes les paroisses où il n'y en a point, pour instruire tous les enfants des principaux mystères et devoirs de la religion catholique, apostolique et romaine, les conduire à la messe tous les jours ouvriers autant qu 'il sera possible, et avoir soin qu'ils assistent au service divin les dimanches et fêtes; comme aussi pour y apprendre à lire et même écrire à ceux qui pourront en avoir besoin ; le tout ainsi qu'il sera ordonné par les archevêques.

Instituteurs et institutrices aux XIXe et XXe siècles

Sans que l'on puisse en déterminer exactement la date, mais certainement en 1793, les premiers instituteurs primaires apparaissent sous la Révolution. L'on ne peut guère se fier à la délibération de 1830 disant : "Depuis plus de cinquante ans, il existe une école qui renferme les filles et les garçons. Seulement depuis deux ans la commune a construit à ses frais une seconde Chambre d'école attenant à la première préparée pour diviser les deux sexes."

Affirmation certaine celle-ci : La nomination de Jean Husson (déjà cité) comme instituteur primaire par le Recteur de l'Académie de Dijon en 1813, fonction qu'il exerce jusqu'à 1821. Louis Chaudouet le remplace jusqu'en 1831 suivi d'Antoine Magdelaine jusqu'en 1834, celui-ci titulaire du Brevet de capacité décerné en 1825 que nous reproduisons intégralement car il apporte tous les éléments exigés pour un tel poste :

    "Nous Inspecteur Général, Recteur de l'Académie de Dijon, chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'honneur, sur le rapport qui nous a été fait par M. Rebouillet, principal du Collège de Chaumont chargé de l'examen des individus qui se destinent à l'enseignement primaire portant que le sieur Magdelaine Antoine né à Latrecey (Hte-Marne) le 31 mars 1804 a été examiné sur la lecture, la calligraphie, l'orthographe, les principales règles de l'arithmétique ainsi que sur les procédés de leur enseignement et qu'il a fait preuve de la capacité requise pour exercer les fonctions d'instituteur primaire de deuxième degré.
    Après nous être également assuré qu'il possède une connaissance suffisante des principes et des dogmes de la Religion.
    Vu les certificats de bonne vie et mœurs produits par le sieur Magdelaine Antoine, lui avons accordé le présent Brevet qui lui est nécessaire pour pouvoir être appelé aux dites fonctions."

Après lui, commence la plus longue carrière d'enseignant à Aprey, celle de Joseph Moliard (né au village) jusqu'en 1875, soit 41 années après 3 années passées à Flagey. Atteint de maladie, il doit cesser ses fonctions et meurt à cette date à l'âge de 62 ans. Tout ce long temps passé à Aprey se déroule en l'actuelle salle des fêtes lui servant également de résidence.

Avec une inconnue pour la période,1919-1927, suivent de très long temps de dévouement de:

De 1857 à 1919, une école de filles fonctionne, dans un endroit indéterminé d'abord, puis à l'emplacement actuel de 1878 à 1919. Quatre institutrices peuvent être relevées : Sœur Marie Philomène née Mongin de 1868 à 1897 (école tenue par les sœurs de la Providence), Delahaye Clémence (1897-1898), Nageotte Marie( 1898-1905), André Jeanne Angèle (1905-1911). En 1919, une seule classe fonctionne et devient mixte.

De 1932 à 1945, une section enfantine ouvre ses portes sous la houlette de :

Pour clore ce chapitre et faute de renseignements, nous ne portons pas les remplacements.

Effectifs élèves

A partir des registres matricules et cahiers d'appel.
Le nombre peut légèrement varier en fonction des départs et arrivées de l'extérieur.

Deux écoles

L'inspecteur note que 55 filles sont inscrites en 1892 mais seulement 30 présentes, ce qui montre la fréquentation très irrégulière, malgré l'obligation.

Classe unique

L'année scolaire commençait au 1er Octobre.

Regroupement pédagogique Aprey-Baissey

Quelques appréciations des années du début du XXe siècle

  1. Enfant anormale, aucune intelligence. Est sortie de l'école sans savoir lire. Reste avec ses parents.
  2. Elève d'intelligence très médiocre, mais assez travailleuse et docile. Aide ses parents dans leur travail. N'a jamais fréquenté le cours d'adultes.
  3. Elève intelligente et travailleuse, aimant l'école. La guerre l'a empêchée de fréquenter en 1914-1915, son fiancé étant mobilisé, mais elle suit assidûment les cours d'adultes. Aide ses parents dans leur travail.
  4. Enfant intelligente. Sera une bonne élève si elle fréquente régulièrement l'école.
  5. Elève peu avancée, ne fréquentant pas régulièrement l'école, bonne conduite. Rentrée dans sa famille pour venir en aide à ses parents qui sont cultivateurs.
  6. Peu intelligent, dissipé, peu travailleur. Aucun goût pour l'étude. Aide ses parents.
  7. Elève extraordinairement doué. Vient en aide à son père. Aîné d'une famille de 10 enfants. Fréquente les cours d'adultes.
  8. Bon élève.
  9. Elève d'intelligence moyenne mais d'une paresse inconcevable pour le travail de classe.
  10. Placé à Malroy. Intelligence très médiocre, caractère très difficile, c'est pour essayer d'améliorer ce caractère que le père l'a placé à Malroy comme interne.
  11. Excellent élève, a obtenu une bourse à l'Ecole primaire supérieure de Joinville. Reçu 2ème à l'Ecole normale de Chaumont le 21 juillet 1921.
  12. Elève médiocre, très dissipé et peu franc. A quitté l'école sur un caprice après avoir calomnié son maître.
  13. Reçu au certificat d'études avec le N°1. Excellent élève.
  14. Elève intelligent mais fréquentant peu l'école.
  15. Cet élève ne fréquentait la classe que pendant l'été.
  16. Rappelé par l'Assistance publique.

A la lecture de ces appréciations qui tiennent à rester anonymes, l'on constate que l’échantillonnage des élèves, leurs qualités et leurs défauts, perdurent à travers notre époque, en éliminant certes la notion de travail des champs, que les instituteurs et institutrices n'entraient pas forcément dans les nuances que chaque enseignant actuel est amené à faire.

Bâtiments et matériel scolaires

Ceux qui ont fréquenté les écoles d'Aprey ont usé leurs fonds de culotte sur des tables-bancs de chêne fort anciennes. A la rentrée 2002, celles-ci ont été vendues pour être remplacées par un mobilier moderne adapté, à la demande de Mme Tromenschlager, nouvelle institutrice.

Deux bâtiments d'école

Après le collège proche du presbytère, la salle des fêtes actuelle fut le premier bâtiment scolaire communal, légué par testament de Joseph Mugnier, ancien maire et notaire et alors adjoint, pour servir "de logement de l'instituteur et de l'institutrice, maison en laquelle l'enseignement se fera les douze mois de l'année gratuitement et perpétuellement des enfants des deux sexes des pauvres et indigents de ma paroisse" (1816).

Son épouse née Anne Normand compléta la donation par testaments de 1825 et 1840 et y ajouta une rente annuelle de 150 F pour payer les enseignants. Ce legs ne fut effectivement reconnu qu'en 1850, après de multiples démarches remontant jusqu'au ministre à Paris.

Le second local (école actuelle) appartenant à un autre notaire Croizier, se présentait sous forme d'un corps de logis comprenant rez-de-chaussée et étage (logement actuel), d'une grange, d'une écurie, d'une cour (école actuelle) et d'un petit jardin. Jean Baptiste Chouet, maire d'Orcevaux, nommé expert par le Sous-Préfet, évalua l'ensemble à 8.000 F en 1874. Mais le manque de ressources de la Commune et un vice de forme dans la succession Croizier retardèrent l'acquisition et les travaux. Le Conseil Municipal dut recourir à une souscription auprès des habitants qui produisit 5.182 F (103 souscripteurs) en 1874 et 660 F (2 souscripteurs) en 1876.

En 1875, l'architecte Hannaire de Rosoy dressa les plans pour édifier deux salles d'école pour les filles (grande salle et petite salle actuelles). Ces plans seront revus et corrigés par l'architecte départemental Girard et signifiés à l'entrepreneur Donnot de Prangey. La délibération du 3 Avril 1880 clôt un chapitre qui a dû user beaucoup de patience et de salive.

Dépenses :Recettes :
 Achat des bâtiments :
Frais d'actes :
Travaux :
Intérêt de retard :
TOTAL : 
8.100,00 F
1.108,21 F
4.851,79 F
 907,00 F
14.967,00 F
  Souscription des habitants:
Secours du ministre (1875):
Secours espéré:
Caisse communale: 
5.842,00 F
4.000,00 F
1.000,00 F
4.125,00 F
 

Entretien

Chauffage - Paiement des instituteurs - Mobilier

Salaires :
Les édiles doivent aussi se pencher sur ces problèmes.
En 1841, l'instituteur est rétribué par les parents en fonction de la section où se trouvent leurs enfants.

Ces sommes seront allégées par la rente Mugnier après que le Conseil ait dressé la liste des élèves bénéficiant de la gratuité (1858).
En 1852, le Conseil fixe la rétribution scolaire (familles) à 77 centimes par mois et le traitement de l'instituteur à 650 F par an. En 1877, celui-ci est porté à 1.000 F tandis que les sœurs congréganistes touchent 674 F. La Commune se plaint de la lourde dépense.
En Mai 1882, le salaire est porté à 1.200 F et celui de l'institutrice à 600 F payés 468,10 F par la Commune et 1.331,90 F par subvention du département et de l'état . L'école primaire, grâce à Jules Ferry, est: devenue obligatoire, laïque et gratuite.

Chauffage :
Au départ il est entièrement fourni par les familles. En 1879, le Préfet de la Haute-Marne demande de cesser de faire apporter du bois aux élèves chaque jour et propose-de faire payer une taxe de 1 F ou 1,50 F par élève. En 1944, la Commune dépense 2.000 F pour le chauffage, l'éclairage et le balayage des classes.

Matériel :
En 1865, une bibliothèque scolaire s'installe, financée par une souscription de 380 F et une aide communale de 100 F. Certains donateurs ont offert des livres (10 volumes).
En 1881, le ministre de l'instruction publique accorde une collection de tableaux d'histoire naturelle pour l'école publique des garçons.
A partir des années 1950, outre la prise en charge des biens et fournitures par la Commune, celle-ci verse une allocation scolaire destinée à des achats de matériel pédagogique. Ainsi en 1952, 66 F permettent l'acquisition de 10 cartes de géographie, de matériel scientifique et musical, et du renouvellement de manuels. En 1989, l'informatique fait son entrée puis le matériel actuel est fourni par la Communauté de Communes de la Vingeanne, en 2000.

Aménagement des locaux :
Autre temps, autres mœurs, en 1960 la Commune dote l'école de WC extérieurs et en 1983 les remplace par les sanitaires intérieurs encore en fonction et auxquels un chauffe-eau s'ajoute en 1998.
En 1966, un nouveau parquet couvre la salle de classe.
En 1986, la cour de l'école, par suppression du petit jardin, s'agrandit et une grille est posée sur le mur d'enceinte et l'année suivante un érable est planté et le téléphone installé.
En 1989, la bibliothèque se voit transférée en son lieu actuel.
Ce ne sont là que quelques aménagements dont la liste est trop longue pour figurer ici.

Caisse des écoles - Inspection médicale :
La première apparaît en 1890, financée par le legs Mugnier et voit ses statuts modifiés en 1947 avec pour but de récompenser, en livres ou en livrets de caisse d'épargne, les élèves les plus appliqués tout en maintenant les aides aux élèves indigents ou peu aisés.
En 1943, naît l'inspection médicale scolaire.

Bourses :
A partir des années 1890, le Conseil Municipal doit faire face à l'octroi de bourses aux élèves plus nombreux des lycées voire des grandes écoles comme MARIE Henri-Joseph à St Cy en 1893.

Les trois dernières décennies ...

Les trois dernières décennies modifient complètement le champ scolaire avec l'entrée systématique des enfants en 6ème à l'âge de 11 ans. En 1972, la Commune se rattache au secteur scolaire de Prauthoy. En 1988, pour participer au désenclavement des écoles rurales, Aprey adhère à la "Montagne". Le regroupement pédagogique Aprey-Baissey se réalise avec Leuchey, Villiers, Aujeurres, Baissey et Aprey. des projets se concrétisent
CEL : 1999 création du contrat éducatif local. Des activités (hors temps scolaire) comme le tir à l'arc, l'informatique, le tennis se déroulent à Aprey.

Le RPI s'engage pour la 3ème année dans un projet d'atelier artistique subventionné en grande partie par la DRAC et participe tous les ans à "La Faîtes des Arts" au mois de mai.
Enfin, des sorties nombreuses, des spectacles, s'organisent : déplacements à la piscine, classes de mer ou de montagne, "écoles qui chantent", sur les fonds de la coopérative scolaire, le budget communal et la participation des parents.

Le RPI d'Aprey-Baissey fait partie maintenant du réseau des écoles de la Vingeanne avec Cohons, Longeau, Heuilley-Cotton, Heuilley le Grand, Villegusien, Prangey.

Dans un contexte fort différent, mais toujours avec la même préoccupation, près de trois siècles d'instruction et d'éducation ont contribué à forger notre communauté et continueront de la faire, nous l'espérons, le plus longtemps possible.

Sources :
Registres de délibérations municipales
Originaux de dons et legs (archives municipales)

2002 - Une retraite méritée

Le vendredi 28 juin 2002, la salle François Ollivier a accueilli, dans une réception commune concoctée par les municipalités d'Aprey, Aujeurres, Baissey, Leuchey et Villiers-les-Aprey et les parents d'élèves, le départ à la retraite de Mme Colette Robin, institutrice. Les premières se sont groupées pour offrir une jolie "nature morte" de Chantal Monier tandis que les seconds ont comblé la récipiendaire d'un bijou, d'un voyage dans le Haut Doubs et d'un vase que les élèves ont empli de magnifiques fleurs.

Commencée en 1967, poursuivie dans notre village à partir de 1975, une carrière bien remplie a trouvé son terme en 2002.

Bonne et longue retraite Mme Robin
et bienvenue au successeur, Mme Tromenschlager née Febvre


1975
(première classe à Aprey)

1990-1991

2002
(la dernière classe)