Histoire - La grande guerre

Souvenirs de la Grande Guerre à Aprey

Comme dans la plupart des villes et villages de France, la Guerre 14-18 a laissé des traces indélébiles, dont témoigne, en partie seulement, le monument aux morts.

L'hécatombe du front

Les registres de décès fournissent un certain nombre de renseignements sur 9 des 20 inscrits en lettres capitales au pied de l'église : Raymond, Paul, Victor Girardot tué à Munster (Alsace) le 19 août 1914; Georges, Victor Montjardet "Mort pour la France" le 22 août 1914 à Sainte-Marie aux Mines (Alsace); Marie Henri, Joseph, à Gommecourt (Pas de Calais) le 06 octobre 1914; Ducret Nicolas, Henri, à l'Hôpital de Strasbourg le 20 octobre 1914; Maigrot Roger, Emile, à bord du bateau "Ceylan" à Koum-Kaleh le 27 avril 1915; Mongin Paul, Albert, Jules, à la Cote 607 (Meuse) le 24 juin 1916; Girardot Charles, Henri, à la tranchée Oldenbourg (Somme) le 02 septembre 1916; Miquée Théophile, Félicien, à Wregny (Aisne) le 28 mai 1918; Baudin Adolphe, Henri, à l'Hôpital de Broumana (Syrie) le 05 juillet 1919.

Où sont morts les autres "poilus" fauchés à la fleur de l'âge ? Sans doute, comme beaucoup, dans quelque tranchée du Nord-Est du pays.

D'autres sont revenus mutilés à l'instar de Pierre, Marie, Joseph GOISET, blessé au crâne, trépané et fait prisonnier à l'Hartmannwillerkopf (Vieil Armand) au Sud des Vosges, face à Mulhouse. Sans se plaindre, sans oser parler de l'enfer, Pierre Goiset garda toute sa vie l'impact des combats.

Le maire de l'époque, Eugène HUDELET a du éprouver bien des tourments à avertir les familles cruellement touchées. Le 23 mai 1915, le bureau de bienfaisance vote un "crédit de 200 F aux familles ayant des soldats sur le front". Le 06 août 1916, le même bureau attribue 20 F pour les prisonniers de guerre et 9,87 F pour l'œuvre des orphelins de la guerre et le 03 août 1919, une somme de 250 F pour l'achat d' "une plaque commémorative et de 50 F pour un service religieux" pour les enfants de la commune Morts pour la France.

Suite logique, les années 1916-1917 sont "creuses" au niveau des naissances avec une seule mention chacune.

Les soucis de l'arrière

Aprey se trouve dans la "zone d'action directe de la Place de Langres", ce qui veut dire que celle-ci est chargée d'établir des réquisitions de guerre. Ainsi l'ordre du 5 janvier 1916 concernant les cuirs, peaux de bœufs et vaches présents chez les bouchers et les marchands de peaux ou le reçu de fournitures du 13 août 1914 faisant état de bâches pour une somme de 297,66 F.

Cliquer sur l'image pour agrandir le document (218 Ko)Dans le même ordre d'idées, des recensements de bétail sont établis tant pour les chevaux (ex.: celui du 23 septembre 1914 reproduit ci-contre) que pour les vaches, "génisses et châtrons de moins de 30 mois" ou "veaux de bouche" (ex.: celui du 10 juillet 1918 qui établit, pour 40 propriétaires de bovins, 7 taureaux, 163 vaches dont 2 de travail, 81 génisses et 11 veaux; pour 2 propriétaires d'ovins, 18 bêtes et pour 27 propriétaires de porcs, 45 animaux. Force est de satisfaire les besoins de l’armée en viande fraîche.

D'août à octobre 1914, Célestin Frossard doit convoyer sacs de blé, pommes de terre, avoine, foin, paille, bovins moyennant reçus de paiement du percepteur de Longeau ou du receveur des finances de Langres.

Des allocations militaires sont apportées aux soutiens de famille, ainsi à Jeanne Mugnier (cf. reproduction page suivante).

Le 9 septembre 1914, le gestionnaire de l'Hôpital des Dominicaines à Langres, remercie, par l'intermédiaire du maire, Mademoiselle Goiset qui a organisé une quête en nature et en argent qui a produit une centaine de francs, "un lot important de linge, de légumes et de fruits et une trentaine de douzaines d'œufs, etc...".

Aprey reçoit des réfugiés, notamment deux familles rémoises, "réfugiés de la zone des hostilités". Le premier édile interroge le sous-préfet de Langres sur la nécessité de leur venir en aide (13 avril 1917) et reçoit, le 31 mai 1917, une lettre de Marie Collin à Rougeux le questionnant sur l'occupation de sa maison d’Aprey par ces réfugiés.

Les séquelles finales

En 1918, apparaissent les cartes d'alimentation limitant la ration de pain par personne à 300 g.

Les familles et le personnel des gens cuisant leur pain ne reçoivent pas de tickets. Le maire doit avertir les boulangers que le rendement devra être de 128 kilos de pain pour 100 kilos de farine.

De janvier à juillet 1918, le 166ème Régiment d'infanterie américaine passe et séjourne au village. Deux baraquements sont édifiés, l’un près de la maison Jossinet, l’autre dans les vergers derrière la poste. Un cahier de réclamations est ouvert et note les dégradations dans les maisons, les vols, les bris de clôture, les dégâts aux Bois Marnay et de Roche Martin commis par nos alliés. Une anecdote cocasse concerne Justin Delanne, le 6 juin 1918, qui voit "le sabot du pied droit de son cheval emporté par un auto-camion". Un an plus tard, une indemnité lui est versée par le capitaine américain. La plupart des autres affaires sont également réglées sauf les dommages causés au presbytère et au logement de l'institutrice occupés par les troupes américaines et non encore réglés en 1921.

Vient l'heure de l'Armistice, le 11 novembre 1918, les cloches sonnent à toute volée mettant fin à une atroce période.

Cliquer sur l'image pour agrandir le document (144 Ko)Dès le 15 janvier 1920, "un comité de patronage pour élever un Monument aux enfants de la commune Morts pour la France" est formé et comprend MM. Marquet, adjoint, Pioche Jean-Baptiste, Goiset Lucien, Hudelet Eugène, Auguste Mathey, Guenot, Victor Aubertot, Victor Montjardet et Goiset Alexandre. Il décide d'une souscription et demande le placement à la Caisse d'Épargne des fonds déjà collectés, soit 1 620 F. Le 18 avril 1920, le conseil municipal vote un crédit de 470 F pour offrir un banquet à 47 "démobilisés".

Le 2 août 1920, l'Assemblée municipale sous la présidence d'Abel Marquet vote un crédit de 500 F pour l'érection du Monument aux Morts "qui s'ajouteront aux trois cent francs inscrits au budget du Bureau de bienfaisance et aux 2 000 F produits par la souscription ouverte dans la Commune". Le Monument aux Morts va ainsi s'adosser au porche de l'église et être réalisé par l'entreprise Guillée de Langres.

Nota Bene : Selon un document conservé en mairie, la souscription a produit réellement 2345,25 F en 117 versements de 0,50 F à 200 F, sommes venant des particuliers mais aussi des pompiers, des garçons du village, de quêtes lors de mariages et même de personnes résidant à Paris, à Lille ou à Reims.


Date de création : 25/06/2006 @ 20:26
Dernière modification : 03/07/2006 @ 23:51
Catégorie : Histoire


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